L'actionnaire et le salarié ont longtemps évolué dans deux univers distincts. L'actionnariat salarié "à la française" permet-il une vraie convergence des intérêts des deux catégories ? On peut en douter car le dispositif ne permet pas :
1 - d'exercer un droit de vote pour orienter la stratégie de l'entreprise suivant ses intérêts
2 - de rassembler suffisamment de voix pour peser réellement sur les décisions
Le rôle d'actionnaire salarié disposant des prérogatives réelles de l'actionnaire se retrouve à travers les stock-options, démonstration à suivre ...
Lorsque les stock-options vont à leur terme i.e. portage et plus-value, le résultat est un réel transfert de patrimoine de l'actionnaire vers les bénéficiaires, pour peu que le mécanisme ne soit pas dévitalisé par l'un des nombreux écueils susceptibles de se produire entre attribution et gain net.
Transfert de patrimoine effectif car :
. une part importante du capital est distribuée (en cumulant les attributions successives)
. les actions ainsi acquises sont "banales", en ceci que le droit de vote existe bien
. la période de portage "fidélise" les bénéficiaires
Evidemment, l'objection de dilution est avancée dès lors que les stock-options sont fondées sur des divisions successives du capital social sans progression de la valeur, par exemple par augmentation de capital. C'est vrai sur un plan de simulation financière, ça l'est beaucoup moins lorsque les "vrais" chiffres sont disponibles et permettent de réaliser que la fidélité assez forte des dirigeants apporte réellement une plus grande stabilité du capital.
Il serait donc souhaitable de revenir sur les différents mécanismes d'actionnariat des salariés, que les confusions possibles soient évitées entre un "actionnariat salarié" vidé de sa substance et disposant de mécanismes de garantie en capital assez efficaces (abondement...) , l'actionnariat des salariés résultant des stock-options menées à leur terme.
Enfin, la question de l'actionnariat de substitution mérite qu'on s'y attache; il s'agit des opérations d'actionnariat des salariés en volume, lorsqu'il est avéré que les augmentations de salaire étant impossibles ou dangereuses, il est distribué en substitution des titres de l'entreprise qui constitueront au terme du redressement une source de plus-value importante. Plus de transfert de patrimoine mais plus simplement utilisation de l'actionnariat pour reporter une dette de politique salariale plusieurs années après. La pratique n'est pas sans dangers.