Chez Intelfi dont c'est le métier de conseiller les entreprises sur l'internationalisation de leurs ressources humaines, on constate fréquemment un décalage entre la pratique réellement internationale des entreprises françaises et leurs cadres, qui malgré des annonces fréquentes et des politiques bien établies, restent assez hexagonau. Sur ce thème, un récent article à lire (Tous droits Réservés LES ECHOS) :
Les sociétés du CAC 40 emploient 61 % de leurs effectifs hors de France, mais ne comptent qu'un cinquième d'étrangers parmi leurs cadres dirigeants, indique le cabinet BPI. L'emploi cadre reste ainsi massivement épargné par la mondialisation. Malgré une internationalisation croissante, les entreprises françaises conservent un encadrement très national. Avec la tertiarisation de l'économie et la qualification accrue des métiers, c'est l'un des facteurs expliquant pourquoi les cadres sont, en France, les seuls à bénéficier d'une situation de plein-emploi, seuls 4,5 % d'entre eux étant au chômage. « L'internationalisation du management est en retard par rapport à l'internationalisation des entreprises », a indiqué hier Bernard Brunhes, vice-président du cabinet de reclassement BPI, à l'occasion de la parution d'un ouvrage sur « Les Cadres et la Mondialisation ».
Sur 250 grandes entreprises internationales, seuls 19 % des administrateurs ont une nationalité différente de celle du pays d'origine. En France, les sociétés du CAC 40 font les deux tiers de leur activité à l'étranger, emploient 61 % de leurs effectifs hors de France, mais ne comptent qu'un cinquième d'étrangers dans leur direction.
Réduire ce décalage
Cette tendance concerne pratiquement tous les secteurs : à BNP Paribas, par exemple, 60 % des effectifs sont étrangers, mais sur les 1.500 postes clefs du groupe, seul le quart (350) est tenu par des non-Français. Pour réduire ce décalage, certaines entreprises se fixent des objectifs précis d'internationalisation de leurs managers. Total, par exemple, souhaite employer, à terme, au moins 57 % de cadres et 20 % de dirigeants non français. PPR espère passer de 60 % à 40 % de cadres français dans les prochaines années.
Cette ouverture n'empêche pas les entreprises de vouloir stabiliser, voire accroître, leurs effectifs cadres en France. « L'emploi cadre augmente partout, y compris dans les métiers industriels », relève Jean Simonet, auteur de l'ouvrage. Sur la base des travaux du Centre d'analyse stratégique, celui-ci rappelle que les créations d'emplois dans les dix prochaines années devraient concerner, dans près de 1 cas sur 2, des cadres, ceux-ci représentant alors plus de 20 % de la population active en France. Les fonctions opérationnelles (commercial, production) sont celles pour lesquelles sont envisagées les plus fortes hausses. Les fonctions de support (informatique, recherche, etc.), en revanche, semblent condamnées à la baisse. Un paradoxe, alors que les besoins exprimés par les entreprises en ingénieurs informaticiens n'ont jamais été aussi forts depuis 2000. Les entreprises de conseil et d'informatique sont d'ailleurs parmi les moins réticentes à confier leur volonté d'internationalisation. Accenture, qui emploie 7.000 personnes en Inde, en prévoit 30.000 dans trois ans. Capgemini compte en avoir 10.000 cette année, contre 4.000 en 2006.