DEUX AXES structurent le débat actuel sur les rémunérations et l'opportunité d'une "autorité de régulation" :
1 - la transparence : comment la développer ?
2 - l'autorité : comment imposer un ensemble de règles cohérentes ?
La tentation d'instaurer un gendarme des rémunérations, haute autorité, agence, on l'appellera comme on voudra, bute sur 2 difficultés :
1 - la notion de "juste rémunération" reste très variable et délicate à définir. Une "notification officielle" d'excès en matière de rémunérations, sorte de permis à points défini et appliqué par le législateur priverait les actionnaires et les organes de direction de l'entreprise d'une de leurs principales prérogatives.
Mise sous tutelle, fonctionnarisation sont les réactions les plus fréquentes sur le sujet. Au delà du process, la question des critères se pose immédiatement : quelles grandeurs retenir et quelles valeurs limites instaurer, lorsqu'on parle de rémunération des dirigeants : rapport raisonnable entre la rémunération la moins élevée et celle la plus élevée, parlant exclusivement de salaire de base ou une rémunération globale ?
Il ne sert à rien d'en discuter le principe si les principaux critères de comparaison ne sont pas établis et acceptés.
2 - si la propension à sanctionner peut certainement être encore développée, ce n'est probablement pas au législateur de l'imposer. Les stratégies de contournement sont simples et dotées d'un pouvoir de persuasion très élevé. Profiter du régime des quartiers généraux d'un autre état est très tentant lorsque les conditions locales sont devenues moins compétitives.
(en pratique, les délocalisations constituent plus un argument de négociation ou de pression qu'une réalité tangible applicable à ce sujet)
Plus d'efficacité, de cohérence et de rigueur dépendent plus d'une démarche volontaire de l'entreprise que du législateur. Au delà des aspects les plus techniques des rémunérations qui restent une affaire de spécialistes, c'est l'acceptabilité sociale du sujet qui est ici en jeu auprès de nombreux publics interdépendants : salariés, actionnaires, dirigeants, législateurs, électeurs, public.
Le gendarme des rémunérations qui peut constituer une tentation ne résoudrait aucun des aspects de la crise de légitimité des dirigeants et de leurs rémunérations, symboles de la crise de confiance dans la plupart des structures hiérarchiques et représentatives au premier rang desquelles l'entreprise.
En face, le repli des dirigeants sur ce sujet, s'il est compréhensible, ne contribue certainement pas à renforcer une crédibilité mise à mal.