Tout voyageur européen un peu traînard a déjà passé quelques jours au Maroc ou en Tunisie pour profiter de la douceur de vivre que les touristes vantent, sans rien approcher de la vie, la vraie, des difficultés, des tensions sociales et politiques, de la pauvreté, des révolutions et de leurs suites.
Lorsque j'ai eu la chance de pouvoir passer une semaine au Maroc il y a 15 jours, non pas sur une plage pour commettre un discret "revenez-y" des vacances d'été, mais en visitant des entreprises matures et des start-up, ayant la possibilité de prendre des contact avec des entrepreneurs et les dirigeants, la décision fut rapide à prendre, tant la presse que je lis est en état de carence sur l'économie et la société de cette région du monde et il est intéressant de se faire un avis par soi-même, y compris s'il est suffisant, injuste, partiel et partial; on n'en attendait pas moins.
L'une de mes sources sur cette région du monde est le Monde Diplo. Subjectivement, il ne me suffit pas pour obtenir une représentation équitable de la région dans ses différents domaines et enjeux, économique, politique, social. Sa lecture enrichit sans doute les beaux esprits, et modestement les poches de ceux qui le vendent, à qui le reproche de cupidité ou d'avidité ne peut dignement être adressé, mais sa forme n'est pas la plus incitative au développement des appétits de compréhension et de curiosité.
Alors bien sur, une semaine ne peut suffire à comprendre l'évolution d'un état comme le Maroc, qui n'a pas subi comme son voisin la Tunisie, de révolution (les prochaines élections en Tunisie seront instructives quant à la confirmation des orientations politiques et religieuses, celles adoptées dans un deuxième temps, après le congédiement du président Zine El-Abidine Ben Ali, l'arrivée puis le départ du pouvoir sous la pression de la rue du parti religieux Ennahda, lui aussi congédié par la rue, ce qui en dit long sur les racines de la liberté de conscience, de la laïcité, de l'égalité des sexes en Tunisie. Mais le sujet de ce post est le Maroc et l'Egypte, la Syrie, l'Irak ...
De Tanger où l'on voit très bien sans jumelles les falaises de Gibraltar, situées à 12 km, et l'appel que la vieille europe qu'on peut toucher du doigt exerce sur une afrique qui n'en peut mais, on peut aussi y visiter une usine Renault/Dacia absolument flambante, qui approvisionne notamment les taxis des villes royales marocaines, avec souvent un kilométrage de plusieurs centaines de milliers, à Marrakech et ses start-ups, qui commencent à modifier l'image jusqu'à présent excesivement touristico-charmeurs de serpents de la Medina, en passant pas Casablanca, véritable capitale industrielle du Royaume, c'est un mix politique/business inédit qui conduit le Maroc à ses succès.
Installation du 1er TGV en Afrique l'année prochaine, quid d'un Rafale à vendre désespérément (avec pourtant dans le paquet cadeau ses transferts de technologie, lignes de fabrications et emplois créés sur place, financements qui rendent cet avion moins coûteux à financer que les courses du samedi chez Leclerc en crédit revolving) des Technopark rassemblant des pépites industrielles et technologiques, un secteur des mines qui a fait et continue d'assurer la prospérité du Maroc (Phosphates et l'OCP), plusieurs usines de transformation de minerai avec des galeries profondes de plus d'un kilomètres et qui n'ont plus rien à voir avec Germinal, pour en finir avec le luxe suprême, celui d'une soirée à la Mamounia à Marrakech, où tout n'est que ... calme et volupté ...
Et pourtant, sans s'inspirer plus de Pierre Loti que de Joseph Kessel, quelle superposition entre ces deux mondes, celui de l'industrie et des services où les développeurs devraient venir plus souvent en France nous instruire de leurs process, eux qui ont très souvent démarré de "scratch", et le pays hors entreprises et touristes, dont le défi est d'instruire, de créer de la richesse, de développer une classe moyenne, d'apprendre à lire, écire et compter à cette majorité de sujets du royaume âgés de moins de 24 ans !
Et ce fut, c'est et ce sera le rôle des souverains M5, H2 et M6 que de trouver les équilibres politiques pour préserver leur pays des saccades des "coups", de la tentation et de la pression radicale qui guettent, et de composer par d'habiles compromis sans se compromettre. En cela, les choix politiques de M6 ont été il y a quelques années considérés comme osés. C'était avant les "révolutions chez les voisins". Les conseilleurs ne furent pas plus que d'habitude les payeurs.
Et jusqu'à présent, ces choix se sont avérés porteurs de développement, de croissance pour le pays. "Should it last" est, je crois, l'invite intérieure que chacun des participants à ce very good trip s'est faite. Français, marocains, venant d'autres pays, le consensus s'est opéré entre Moulay-Rachid, Christophe, Pierre-Yves, Laure, Catherine, Isabelle et les autres, qui ont quitté le Maroc avec, sans trahir leur pensée, un sentiment non ressenti jusqu'à présent, d'Israël à la Chine en passant par Berlin et le Vietnam, celui d'un potentiel énorme, que l'état et ses sujets exploitent avec âpreté, méthode et modernisme, et concuremment, de fragilités d'une techtonique des plaques politiques et sociales, religieuses et ethniques, qui font de cette région le siège d'une seconde faille de San Andrea, tout en évoquant pour le souvenir et la fidélité le tremblement de terre bien réell celui-ci, qui détruisit Agadir en janvier 1960, et dont le pays se releva.
Alors, pour celles et ceux qui s'interrogeraient encore sur M5, H2 et M6, ils doivent être très peu nombreux, complétons ces prortraits en creux par les définitions suivantes : "le sultan chérifien est commandeur des croyants (Amir Al Mouminine), représente la dynastie Alaouite qui règne sur le Maroc depuis la seconde moitié du XVIIème siècle, dont le 1er sultan fut Moulay Ismail, qui règna sur le royaume, le pacifia et le consolida durant 55 ans (1672-1727).
"M6", le monarque actuellement au pouvoir, est le 24 ème roi du Maroc.